La Sierra Nevada de Santa Marta n’est pas un massif montagneux comme les autres. Son sommet le plus élevé, point culminant de la Colombie, constitue avec ses 5 775 mètres d’altitude le plus haut sommet côtier du monde, situé à peine à 45 kilomètres de la mer des Caraïbes. De quoi faire de la Sierra Nevada de Santa Marta un îlot biogéographique bien particulier, séparé du reste de la Cordillère des Andes.
Déclarée réserve de biosphère par l’UNESCO, la zone abrite notamment un fort taux d’endémisme, avec 126 espèces de plantes ne vivant nulle part ailleurs sur la planète. On y retrouve par exemple le frailejon arboricole, ainsi que 44 espèces animales endémiques telles que le colibri de Santa Marta.
Pour explorer cette biodiversité unique au monde, une expédition s’est appuyée en 2018 sur l’ADNe, concentrant ses efforts sur le Rio Don Diego, l’un des nombreux fleuves traversant le cœur du parc national.
L’équipe a pu détecter différentes espèces comme le rat arboricole à crête rouge qui figure parmi les 100 espèces les plus menacées au monde…
À partir de simples prélèvements d’eau effectués le long du fleuve, l’équipe a pu détecter différentes espèces de poissons bien sûr, mais également des animaux volants, oiseaux et chauves-souris, ainsi que des mammifères terrestres comme le tatou, le singe hurleur roux ou le rat arboricole à crête rouge. Cette dernière espèce, qui est en danger critique d’extinction et qui figure parmi les 100 espèces les plus menacées au monde, n’a été redécouverte dans la Sierra Nevada de Santa Marta qu’en 2011, alors qu’elle était considérée comme éteinte, puisque plus observée depuis 1898.
Cette expérience confirme que les eaux douces et les fragments d’ADN environnemental qu’elles charrient constituent un formidable outil dans le cadre d’inventaires de biodiversité, et permettent de détecter une très large diversité d’espèces à travers tout l’écosystème.
© Manuel Spescha