Nouveau regard sur la biodiversité piscicole

Les poissons d’eau douce représentent plus de 16 000 espèces actuellement décrites, soit presque autant que tous les vertébrés terrestres confondus. Présents dans l’ensemble des cours d’eau du globe, ils sont essentiels à l’alimentation de plusieurs centaines de millions d’humains et à l’économie mondiale. Être en mesure de les inventorier efficacement s’avère donc primordial pour conserver leur biodiversité et les services qu’ils rendent aux populations humaines.

L’ADNe, UNE EFFICACITÉ PROUVÉE

Depuis 2011, les membres de Vigilife ont développé une méthode d’inventaire des poissons d’eau douce par l’ADNe qui rivalise en efficacité avec les techniques de pêche traditionnelles. Ainsi, l’ADNe contenu dans moins de 100 litres d’eau du Rhône permet de détecter autant d’espèces de poissons qu’en 10 années d’inventaires par pêche électrique.

L’ADNe contenu dans moins de 100 litres d’eau du Rhône permet de détecter autant d’espèces de poissons qu’en 10 années d’inventaires par pêche électrique.

Des résultats similaires ont été obtenus sur des cours d’eau de Guyane, pourtant beaucoup plus diversifiés, avec plus de 80 espèces détectées dans un seul échantillon d’eau. Ces suivis ont notamment permis de révéler un déclin de la biodiversité aquatique induit par la déforestation et l’orpaillage.

LES ATOUTS D’UNE MÉTHODE NOVATRICE

L’ADNe présente plusieurs avantages majeurs : il génère un gain de temps évident sur le terrain, il n’est pas biaisé par la morphologie ou le comportement des poissons et il permet d’inventorier tous les habitats, y compris ceux inaccessibles par les méthodes traditionnelles. Il présente également une totale innocuité pour la faune, contrairement aux solutions classiques qui nécessitent de capturer les poissons et génèrent un stress, voire une mortalité importante. Ce dernier point est primordial pour la conservation d’espèces menacées.

EXPLORER LE CONNU COMME L’INCONNU

La principale limite dans le suivi de la faune piscicole des cours d’eau du globe reste l’absence de bases de références génétiques pour de nombreuses espèces. Ce développement est nécessaire pour inventorier les espèces à enjeux (menacées ou exotiques envahissantes), mais pas indispensable pour les autres.

En effet, même sans cette base, il est possible de calculer des indicateurs de biodiversité basés directement sur les séquences d’ADN. Ces nouvelles approches ouvrent la voie à l’élaboration d’indices de qualité environnementale indispensables pour répondre aux grands enjeux planétaires de maintien de la biodiversité aquatique et de la qualité de la ressource en eau.

© Weatherfish / Jelger Herder